Vous trouverez ci-dessous les textes des différents bar des sciences

 

 

  

 

 

Café-théâtre « La Baie des Singes »

 

6 avenue de la République à Cournon

 

 MARDI 6 FÉVRIER 2024 à 20 h 33

 

 

La démarche scientifique aujourd’hui

 

En ces temps de trop fréquentes confusions entre faits, opinions, sentiments, croyances et autres idéologies, il est indispensable de rappeler les fondements de la démarche scientifique : sa rigueur, ses processus – impliquant par exemple la reproductibilité - et son éthique.

De prime abord, on pourrait ainsi la définir : formuler des hypothèses sur la base des connaissances actuelles (ce que l’on appelle l’état de l’art), puis les tester pour les valider ou les invalider.

Trois méthodes principales sont utilisées pour produire les données qui vont servir au test des hypothèses :

-  l’observation reposant sur le fait d’aller sur le terrain, de mener des enquêtes, de procéder à des suivis avec des passages répétés, d’effectuer des mesures…

- la modélisation, qui consiste à reproduire de manière simplifiée le système étudié, faisant l’objet des hypothèses. On parle souvent de démarche in silico, en référence à la silice base des microprocesseurs des ordinateurs,

- l‘expérimentation qui revient à reproduire le système étudié, en maîtrisant l‘environnement et les caractéristiques selon la formule "tout étant égal par ailleurs".

 

En termes d’approche, et en fonction des disciplines, plusieurs courants se côtoient, s’affrontent quelquefois, tel que le réductionnisme, qui consiste à isoler un ou des éléments d’un système, pour en étudier le fonctionnement "à part". Il diffère du holisme, visant au contraire à étudier un système dans sa globalité en revendiquant une démarche systémique (au nom du principe selon lequel "le tout est davantage que la somme des parties". Y a-t-il une démarche meilleure qu’une autre ? Faut-il les associer, les comparer, les opposer ? Et quid de la tendance très actuelle aux démarches participatives ?  

 

 

 

 

MARDI 7 NOVEMBRE 2023 à 20 h 33  

 

 

Intelligence artificielle et intelligence humaine 

 

L'intelligence artificielle (IA) est aujourd’hui le lieu de tous les fantasmes, de toutes les peurs et de tous les espoirs. Parce qu’elle interroge foncièrement l’intelligence humaine — en ce qu’elle détient le pouvoir de remodeler le monde — l’IA apparaît incommensurable.

La pensée, le raisonnement, l’émotion, l’expérience incarnée, propres à l’intelligence humaine, pourraient ne plus être distinctives si l’on en croit ceux pour qui l’émergence de la conscience chez l’IA n’est que question de temps. Pure divagation selon d’autres, persuadés que ce qui est taxé d’intelligence n’est qu’une compilation de connaissances contextuelles, sophistiquées, mais dépourvues de sens. Pour eux, il n’existe pas d’"intelligence" issue du silicium, d’algorithmes et de modèles de langage statistique. Incomparable avec celle qui a émergé de millions d’années d’évolution dans des environnements biologiques !

Mais qu’est-ce que l’intelligence, si tant est qu’elle soit définissable ?

Hannah Arendt prophétisait en 1961 : "Il se pourrait que nous ne soyons plus jamais capables de comprendre, c’est-à-dire de penser et d’exprimer, les choses que nous sommes capables de faire. … , tout se passerait comme si notre cerveau, qui constitue la condition matérielle, physique de nos pensées, ne pouvait plus suivre ce que nous faisons, de sorte que nous aurions besoin de machines pour penser et pour parler à notre place…".

L’IA interroge tous les enjeux sociétaux : politique, travail, éthique, information, sciences… Sans oublier le défi démocratique : qui sont les grands groupes ou les pouvoirs derrière l’IA ?

 

Paradoxe ou malédiction de cette technologie qui entraînerait la fin d’une humanité qui l’a elle-même conçue ? Une technologie n’étant qu’un outil aux conséquences liées à son utilisation. Humaine, forcément humaine. Cependant, si l’on rejoint Marvin Minsky : "Il n’existe aucun ordinateur conscient de ce qu’il est en train de faire, mais la plupart du temps, nous non plus".

 

MARDI 5 DÉCEMBRE 2023 à 20 h 33

 

L’après covid

 

Trois ans après l’irruption du Covid et au moins 17 millions de décès dans le monde, de multiples questions restent en suspens. À la fois sanitaire, sociétale, juridique, éthique, démocratique ou politique, cette problématique totale nécessite de penser "l’après" à la lumière d’une expérience trop rapidement escamotée par une actualité trépidante.

 

Début 2020, des informations relatives à la circulation d’un virus inconnu commencèrent à se diffuser en France. Quelques semaines plus tard, le 17 mars, après que l’OMS eut décrété que l’épidémie de COVID-19 était une pandémie, entra en vigueur ce que nous avons pris l’habitude d’appeler "le confinement". Il fut appliqué jusqu’au 11 mai puis réactivé, selon des modalités différentes, jusqu’au printemps de l’année suivante.

Trois ans après le déclenchement d’un véritable séisme aux conséquences tragiques par ses millions de morts, nous pouvons avoir le sentiment que tout est redevenu normal et qu’effectivement, pour reprendre une expression largement répandue (avec bien d’autres mots et formules), est venu le temps de "vivre avec le virus". Nous savons bien, pourtant, que les conséquences de cette pandémie et des décisions prises pour l’affronter ont été cruciales pour notre société : mutations technologiques accélérées, voire enclenchées ; transformations des rapports sociaux, des comportements individuels, des modes de vie et de travail ; creusement des failles dans le domaine éducatif et fragilisations psychologiques sans doute accrues, parfois en décalage, en une forme de "ressac" dont il est difficile de prendre la mesure — avec lucidité et discernement.

 

Près de quatre ans après le déclenchement de la crise, peut-on, avec des scientifiques (spécialistes des technologies, sociologues, historiens, psychologues…), mieux cerner les contours du "monde d’après", si tant est qu’il existe ?

 

MARDI 9 JANVIER 2024 à 20 h 33

 

Biomimétisme :

quand la technologie

 

imite la nature

 

Depuis longtemps l'homme s'inspire de la nature pour développer les progrès techniques. Le potentiel offert par le monde vivant est immense. L’extraordinaire diversité qui le caractérise en fait un "réservoir à idées" unique, issu de milliards d’années d’essais et d’erreurs. 

L’objectif du biomimétisme est de s’interroger sur les diverses manières d’imiter la nature et les processus vitaux. C’est aussi comprendre les concepts sous-jacents : comment distinguer le biomorphisme, la bio-inspiration ou le biomimétisme ? Bref, comment prendre « la nature comme modèle, mesure et mentor »* ?

La construction d‘appareils par biomimétisme s'inspire des solutions sélectionnées par l'évolution pour en transposer les principes et les processus en ingénierie humaine. Nous nous inspirons des formes, compositions, matériaux, processus, interactions de la nature pour développer de nouveaux vêtements — les combinaisons des nageurs reproduisant la structure de la peau de requin — ou de nouveaux matériaux : des toits en forme de feuilles, de nouvelles habitations (termitières), de nouvelles énergies, des réseaux, des pratiques agronomiques… Cette pratique ne néglige aucune échelle, allant du macroscopique jusqu'au moléculaire (comme l'ADN ou les protéines). C'est un processus créatif, qui invente l'utile en copiant l'efficace.

De la machine volante de Léonard de Vinci inspirée du vol des oiseaux au bec du martin-pêcheur qui permit aux ingénieurs japonais de dessiner le Shinkansen, TGV japonais, le monde du biomimétisme sera exploré par les scientifiques et experts présents, biologistes, historiens, physiciens, philosophes, qui viendront échanger avec vous.

 

*Institut Cloud pour l'éducation au développement durable

MARDI 3 octobre 2023 à 20 heures 33

 Fake news et désinformation

Fake news, désinformation, infox, réinformation, actus erronées et fabriquées, post-vérité, rumeurs, théories du complot et autres conspirationnismes… Les vocables se multiplient pour désigner ces fausses nouvelles qui prolifèrent en ligne afin d’influencer nos comportements et notre représentation du monde. Les risques : faire émerger des réalités parallèles incommensurables adossées à l’activisme de groupes exotiques ou délirants, inquiétants voire dangereux (antisciences, platistes, Moon hoax, Alien theory*, QAnon, …) dans le sillage d’influenceurs autoproclamés et propagandistes inavoués.

Sur les réseaux sociaux, nous sommes assaillis, parfois noyés, dans un flot d’informations issues de sources plus ou moins crédibles. Aussi anciennes que l’histoire de l’humanité, ces manipulations s’avèrent des armes redoutables avec la révolution numérique. Elles s’inscrivent dans un contexte de montée des populismes, d’exacerbation des conflits religieux et des tensions géopolitiques, de défiance populaire envers les élites et les institutions et de défis, tels que le dérèglement climatique et les pandémies. Les notions de pouvoir et de démocratie sont interpellées. Ces fake news relèvent "d’authentiques ingérences numériques étrangères, émanent d’acteurs qui cherchent à manipuler nos opinions, encourager la violence et la haine ou déstabiliser notre société à des fins stratégiques"*.

Comment le sensationnel et les ressorts émotionnels sont-ils utilisés par les "pièges à clics" ? Que sait-on des mécanismes qui permettent aux infox d’exercer leurs effets néfastes sur les esprits ? Comment concilier contrôle et liberté d’expression ? Exercer sa déontologie journalistique ?  Fact-checker ? Différencier faits, opinions, croyances et sentiments ? Éduquer aux médias et à l’esprit critique ? Responsabiliser les plateformes ?

 

*Pyramides égyptiennes bâties par des extraterrestres

**Les Lumières à l’ère numérique, Gérald Bronne

 

MARDI 4 avril 2023

 

Blaise Pascal aujourd'hui 

 

Blaise-Pascal savant, philosophe, homme de foi : son œuvre est l’objet d’une triple tradition.

Le savant nous apprend que le savoir n’apaise pas nos incertitudes, mais les accroît. La connaissance scientifique atteste de notre tragique condition : celle d’être logée entre deux infinis. Lisons la Préface du Traité du vide et De l’esprit géométrique comme des lecteurs modernes : hantés par le néant, le vide des espaces infinis de l’Univers auquel le silence seul répond en écho, et le vide intérieur dont le non-sens creuse le roseau pensant que nous tentons d’être. Par suite, la science est un mode de penser méthodique qui chemine pas à pas, et néglige tout ce qui échappe à une démonstration. Et pourtant, l’infinité de l’Univers nous révèle… notre petitesse ! Le défi de l’homme ? Apprendre à penser son être au sein de cet univers qui le contient.

Pascal ne croit donc pas à une seule méthode susceptible d’établir une vérité. Confronté à l’infinité, tout ce qui est humain finit par revêtir un sens dérisoire. Ainsi en est-il de nos divertissements qui cherchent à nous détourner de notre condition !

Belle actualité que cette critique de nos sociétés mondaines dont les goûts et les usages célèbrent un "moi" prompt à se contempler dans des miroirs qui le déforment et le rendent haïssable.

Le réel est effrayant et nos consolations dérisoires et impuissantes… Reste à parier sur ce qui peut nous élever ! Ressaisir le sens de nos vies et l’urgence des questions qu’il nous pose : que nous est-il donc permis d’espérer ?

 

Belle invitation aux trois grandes questions qui définiront la philosophie moderne : que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer ?

MARDI 7 mars 2023

 

L'esprit et la matière 

À l’instar du poète, pour un scientifique se poser la question "Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?", revient à s’ouvrir un champ infini de perspectives nouvelles.

Et si au-delà de la matière, que nous appréhendons par nos mesures physiques, existait autre chose ? De tout temps, au-delà de toute rationalité, l’être humain a imaginé une dimension spirituelle à son existence matérielle et au monde qui l’entoure. Est-ce si délirant et non scientifique de se poser la question de la véracité de ces croyances ?

L’homme est l’incarnation même de ces deux substances avec un corps physique, dont la réalité est objective et certaine, et un corps mental avec un esprit, une conscience, une âme, impalpables et uniques.

Comment la matière communique-t-elle avec notre esprit et inversement ? Quelle est la fonction même de l’esprit ? Prime-t-il sur la matière ? Pilote-il le corps matériel pour donner de l’ordre et du sens au réel ? Scientifiques, philosophes et autres médecins débattront sur le pouvoir de l'esprit — s'il en a un — et nous éclaireront sur le lien avec le corps, entre complémentarité et dualité. 

Mais pourquoi penser ce dualisme comme une fracture, un cloisonnement en l’homme ?

Et si nous suivions Descartes pour lequel le sujet vivant — profondément unifié — n’est ni âme, ni corps, ni esprit, ni matière, mais homme ? Dans ses Méditations métaphysiques, il écrit : "je ne suis pas seulement logé dans mon corps ainsi qu’un pilote en son navire".

 

Ce qui signifie que, non seulement j’ai un corps, mais que je suis aussi un corps. 

 

MARDI 7 février 2023  

Science rebelle La science évolue sans cesse. Elle vit à la fois de certitudes et de doutes, de remises en causes et d’avancées, jamais de renoncements ! Une révolution peut en cacher une suivante.

On a souvent l’image de chercheurs éloignés des réalités politiques, enfermés dans leurs laboratoires et pratiquant des recherches selon des normes très strictes. Pourtant, à chaque époque, sont apparues des discontinuités de la pensée scientifique. Ainsi, ont surgi des révolutions scientifiques conduisant un ou plusieurs champs disciplinaires à se réorganiser autour de principes nouveaux. La révolution désigne alors une évolution majeure, fondatrice d'une nouvelle science dans la science. La rupture peut n’être qu’une prise de position, susceptible d’être critiquée, ou un véritable moteur de progrès pour l'humanité. Paradoxalement, une révolution scientifique est tout à la fois radicale, car elle exprime une nouvelle façon de penser, et conservatrice, car elle doit incorporer les éléments anciens du savoir scientifique sur lesquels elle s'appuie.

Ainsi, de la révolution copernicienne au boson de Higgs, de la découverte des lois de l’hérédité par Mendel au « big bang » de Georges Lemaître, bien des savants ont bousculé l’ordre établi et défié les enseignements de leurs pairs. En ayant raison trop tôt, ces rebelles de la science ont produit des avancées décisives.

En février 2020, reprochant aux gouvernants l’inaction face à l’urgence climatique, plus de 1000 scientifiques de toutes disciplines ont appelé dans  « Le Monde »  à la désobéissance civile et au développement d’alternatives, se rapprochant de mouvements écologistes parfois radicaux. Ce mouvement des "scientifiques en rébellion" fait polémique.

 

Débattons de ce qui fait l’essence de la science : peut-elle/doit-elle être rebelle ? Ou doit-elle/peut-elle être neutre ?

 

MARDI 10 janvier 2023

Mémoires : humaine et numérique

 

Savez-vous que des équipes scientifiques parmi les plus avancées travaillent sur la mise au point de la connexion directe du cerveau humain à Internet ? Au-delà des règles éthiques et légales — appelées à évoluer en même temps que les révolutions technologiques — elles pourraient envisager la possibilité de transférer les données cérébrales d’un individu... sur un disque dur.

En moins d’un siècle, nous avons assisté à une explosion des progrès, tant dans le domaine numérique que dans celui des neurosciences. Une nouvelle communication s’installe entre les humains, avec des machines à la mémoire infinie. Quant à la mémoire humaine, elle se trouve inévitablement affectée par ces nouveaux usages, dont on ne mesure pas encore les effets sur les cerveaux.

La mémoire met en jeu des circuits neuronaux d’une complexité infinie, avec une plasticité génétiquement programmée dans notre espèce actuelle, Homo Sapiens. En réalité, chaque cerveau est unique. Intimement liés aux comportements et aux émotions, les circuits de la mémoire s’affranchissent du socle génétique commun par l’épigénétique, définie par l’influence du contexte. Les processus de mémorisation sont alimentés par des informations au cheminement conscient ou inconscient.

Le numérique rend immédiatement disponibles les données du savoir, sans hiérarchisation, sans contrôle du niveau de l’utilisateur, ni de leur fiabilité. L’immédiateté de l’accessibilité s’avère un frein à la réflexion et à l’apprentissage organisé et hiérarchisé dans le temps et la complexité.

 

La mémoire de ce qui doit être appris est "externalisée". Et s'il est encore trop tôt pour parler de la plus grande révolution culturelle que n’ait jamais connu l’humanité, on peut penser que ces outils seront des facteurs majeurs d’un bouleversement de notre vie et de l’intelligence (ou de la bêtise...) collective, moteur essentiel de notre évolution.

 

MARDI 6 décembre 2022 

La guerre Pour les Européens, la guerre semblait paradoxalement lointaine et omniprésente jusqu’à 2022. Lointaine, car les Occidentaux l’occultaient depuis 1945. Omniprésente, car les attentats du 11 septembre 2001 puis la guerre en Ukraine avaient réinstallé un climat belliqueux. Et la médiatisation des conflits ne cesse d’aiguiser l’attention des opinions.

Alors que la fin de la guerre froide avait suscité l’illusion d’un ordre mondial pacifique, chaque conflagration visible – Koweït, ex-Yougoslavie, Afghanistan, Irak, Mali, Ukraine… – rappelle cette affligeante réalité : l’incapacité immuable des sociétés à régler pacifiquement leurs différends, l’ardeur des idéologies et l’embrasement des passions déclenchent la volonté de combattre.

Qu’est-ce que la guerre ? Faut-il assumer l’idée de son retour ?

Selon le célèbre stratège Clausewitz, "la guerre est un caméléon, changeant de nature dans chaque cas concret". C’est "un acte de violence dont l'objectif est de contraindre l'adversaire à exécuter notre volonté. […] Et il n’y a pas de limite à la manifestation de cette violence." 

De la Grèce antique à la Syrie, de Rome aux États-Unis, des samouraïs aux Mongols, des nazis aux jihadistes, elle a pris mille visages. La guerre ne se limite ni aux tactiques, ni aux stratégies. Loin d’être un strict phénomène militaire, elle est un "fait social total"*, un kaléidoscope reflétant les grandes évolutions sociales, économiques, culturelles et politiques qui façonnent l’histoire de l’humanité.

Elle a fait et défait les empires, enrichi et détruit les civilisations, dicté l’élaboration et l’effondrement des normes juridiques, morales ou religieuses et même inspiré les arts et les techniques.

Ne faut-il pas apprendre à regarder la guerre en face pour mieux la comprendre ? Penser la guerre, n’est-ce pas déjà travailler à la paix ?

 

*formule de l’anthropologue Marcel Mauss

 

 

 

MARDI 4 octobre 2022 

 

 

Activité physique et cancer

 Et si nous sortions de nos canapés pour mieux nous protéger !

Au travers de sa stratégie décennale de lutte contre les cancers, la France a pour ambition d’améliorer l’offre de santé en axant notamment ses efforts sur la prévention de la maladie et la prise en charge des séquelles physiques et mentales que traversent les patients. Dans notre arsenal pour mener ce combat, l’activité physique est une arme importante. Elle peut jouer un rôle important avant, pendant et après la maladie.

 

À l’heure actuelle, environ 40 % des cancers pourraient être évités. Tabac, alcool, mauvaises alimentations… nos habitudes de vie ont un impact réel dans la survenue de la maladie. À l’inverse, certains facteurs comme l’activité physique exercent un rôle protecteur scientifiquement prouvé.

Cancer du sein, cancer de de la prostate ou encore cancer de la vessie… la pratique régulière d’activités physiques permet de diminuer significativement la survenue de plus de 10 cancers.

Et pas besoin d’être un marathonien aguerri pour constater les effets ! Marcher, jardiner, monter les escaliers… tout mouvement va permettre d’initier un ensemble d’événements biologiques bénéfiques pour notre santé.

Et pendant ou après le cancer ? Là aussi l’exercice physique est un allié de poids pour réduire l’impact physique et psychologique de la maladie et même diminuer le risque de récidive.

Alors maintenant, levons-nous et allons bouger !

 

 

MARDI 8 novembre 2022 

 

 

 

Soignants : nouveaux défis scientifiques

Les  soignants sont soumis à de multiples défis scientifiques et technologiques, mais aussi humains, sociaux, sociétaux et déontologiques. Confrontés aux souffrances, mais aussi aux espérances des patients, ils ont fait le choix d'une éthique de responsabilité. Comment vont-ils s’adapter face à cette réalité essentielle qu’est la vie ?

La recherche scientifique produit de nouvelles connaissances révolutionnant les pratiques de soins. Issues de la biologie fondamentale, de l’informatique, de la physique, elles ont généré, par leurs interactions, de nouveaux objets scientifiques et de nouveaux outils d’investigation.

Des biotechnologies à l’imagerie, de la génomique à la biochimie, ces savoirs doivent supporter "l’épreuve du terrain". La génétique moderne comme outil de "prévention-diagnostic" et la pharmacologie, adossée à l’informatique, constituent des espaces d’exploration et de traitement qui relèvent d’une nouvelle culture. Comment imaginer une recherche sans la dimension clinique qui l’interroge et… la nourrit ?

L’imagerie fonctionnelle ou virtuelle, les puces ADN ou encore la fibre optique, les biothérapies, la chirurgie de remplacement, la radiologie interventionnelle ont modifié diagnostics et actions thérapeutiques.

Les soignants ont le devoir de s'approprier l'ensemble sans rien abandonner de la relation au patient, en conciliant nouvelles exigences, voire tensions, entre les attentes des uns et les contraintes des autres.

Un exercice plus collectif — cabinets de groupe, maisons de santé ou encore réseaux — a accru les interactions entre les professionnels aux spécialités et aux métiers variés pour une prise en charge plus intégrative.

Toutes ces évolutions — sur fond d’hypercommunication — créent de nouvelles solidarités auxquelles les soignants doivent répondre dans le respect des valeurs humanistes.

 

 MARDI 1mars 2022 

 

L'énergie

 

Éclairage, transports, chauffage, besoin incessant de recharger son portable, son ordinateur, son GPS… Les enjeux économiques, environnementaux et géopolitiques liés à l’énergie figurent parmi les grands défis du XXIe siècle. La hausse du coût des énergies, leur bilan carbone, la croissance de la consommation, la raréfaction de certaines ressources et l’évolution des mentalités ont relancé le débat et la réflexion sur nos choix.

 

Pourtant, depuis quelques mois, une cacophonie galopante semble s’être emparée des discours sur l’énergie. Au point que le citoyen peine à trouver une information fiable, scientifique, dégagée des discours militants, des postures électoralistes et des contingences idéologiques.

Pendant près de trois siècles, nous avons vécu avec des énergies bon marché et assez faciles d'accès : charbon, pétrole, nucléaire... Longtemps disponible  "sans limites", cette énergie a été un moteur accéléré du développement et le marqueur de notre mode de vie occidental.

Nos modèles sociétaux nous ont rendu addicts à l'énergie. Mais ce changement d’époque exigera à la fois des innovations technologiques considérables et de nouvelles habitudes.

Quel est l’éclairage des scientifiques sur les innovations à base de nucléaire, d’hydrogène, de d’éolien, de solaire… ? Quel est l’avenir des énergies renouvelables, alternatives, intermittentes ? Sur quoi sont fondées les incitations à la voiture électrique ? Les méthaniseurs sont-ils vertueux ? Les barrages hydroélectriques appartiennent-ils au passé ?

Risquons-nous d’être confrontés à une pénurie ? Comment appréhender, anticiper et vivre cette transition ?

 

Sans occulter la dimension sociologique d'acceptation des changements ou géopolitique de l’indépendance énergétique de la Nation.

 

MARDI 5 avril 2022 

 

Le Toucher

 Le sens du toucher ne serait-il pas injustement traité ? Souvent associé à une kyrielle d'expressions familières ou triviales, le vocabulaire qui lui est associé semble le ravaler à un rang secondaire, loin de la noblesse de la vue, de la subtilité de l'ouïe, voire de l'intelligence du goût. On rit de celui qui touche sa bille, joue à touche-pipi ou croit avoir fait une touche. Même si l'artiste peint par touche de lumière, le saint est touché par la grâce ou l'amoureux est touché au cœur. La variété des mots reflète cette ambivalence, cette suspicion, voire cette peur des sociétés et des religions à l'égard du toucher, vis à vis des gestes et des situations qu'il suscite. Les cultures l'ont d'ailleurs strictement encadré, codé, ritualisé, censuré, couvert d'interdits... sans avoir l'air d'y toucher.

Parce qu'il est celui qui nous fait rencontrer l'autre ? Transformer cet autre, qu'il soit animé ou inanimé ?

 

Le toucher est pourtant essentiel à la survie et au développement de l'être humain. Il nous permet de connaître formes, matières, pressions, vibrations, températures... Grâce à l’immensité de son organe — 2m2 de peau — au nombre et à la densité des cellules nerveuses tactiles, le toucher est une source infinie de découvertes, d'expériences. Sens de la connaissance, du soin, de l'habileté manuelle, de la création artistique, de l'érotisme, du miracle parfois... il est un sens touche-à-tout.

Désiré ou imposé, il nous ouvre les sensations les plus fortes, tant agréables que douloureuses et génère une grande variété de plaisirs et... de maux.

Le toucher conditionne notre être au monde : tout au long de sa vie, l’individu touche et est touché sans qu'il lui soit toujours possible de distinguer l'action de la sensation.

Avec la virtualisation des relations que va devenir notre toucher ?

 

 

 

 

MARDI 1 février 2022 

 

 

 

 

Science et Politique

 

 

 

La crise du covid a mis en exergue un dialogue difficile entre le monde scientifique, les décideurs politiques, les citoyens et, indirectement, les medias et les réseaux sociaux. Les distances entre savoir et pouvoir ont révélé carences et contradictions. Les incompréhensions entre temporalité de la recherche et immédiateté des choix politiques ont exacerbé la défiance tant à l’égard des politiques que de l’autorité de la parole scientifique. Parallèlement, les réseaux sociaux multipliaient et accéléraient la diffusion d’informations fantaisistes et infondées, entretenues sur fond de peur par des idéologues.

Juguler la crise et ses tensions obligera à dépasser les malentendus. Le philosophe Etienne Klein en appelle à un sursaut : "Plutôt que de délaisser l’idée de rationalité, il me semble plus judicieux de la refonder, afin qu’elle ne puisse plus servir d’alibi à toutes sortes de dominations". Mais comment ?

Clarifier les rôles par la diffusion d’une culture scientifique et une éducation à l’esprit critique ? Sortir de la confusion entre connaissances, faits, croyances, opinions, commentaires, fake news ? La libre circulation de la connaissance par l’enseignement et la déontologie journalistique n’est-elle pas indissociable de l’exigence républicaine ?

Quelle fonction de la science au sein de la société ? Comment les sciences peuvent-elles sortir de l’ambiguïté dans les rapports entre économie, médecine, biologie, éthique ?

Au regard de leur responsabilité, qu’attendent les politiques des scientifiques, eux-mêmes intrinsèquement en proie au doute ? L’action politique s’exerçant dans l’horizon de ce que les Grecs appelaient les "affaires humaines", comment gérer l’espace commun soumis à la contingence des situations, à la production accélérée des connaissances et au renouvellement du débat démocratique ?  

 

 

MARDI 11 JANVIER 2022 

 

Éloge du doute

Ultracrépidarianisme : devenu à la mode pendant la crise du covid, ce mot désigne la tendance, fort répandue, à parler avec assurance de sujets que l'on ne connaît pas. Ainsi de l'efficacité d'un médicament, de thèses négationnistes, de questions migratoires... Entre postures de communication, inculture et arguments d’autorité, l’air du temps nous invite à réhabiliter le doute. Il y a urgence !

 Vrais et faux experts débitent une profusion de certitudes affolantes et de vérités incontestables où opinion, conviction et croyance se confondent avec science, savoir et connaissance. La diffusion massive de ces idées parfois délirantes engendre de pseudo-rebelles, paradoxalement inféodés à la doxa paranoïaque. Complotistes débridés, collapsologues fanatiques, extrémistes de tout poil... tous ont en commun d'être habités par des convictions arrogantes et celle d'être légitimes pour les mettre en œuvre à tout prix, jusqu'à la barbarie.

"Ce n'est pas le doute, c'est la certitude qui rend fou". Plus actuel que jamais, le diagnostic de Nietzsche en 1888 ! Contre cette montée des dogmatismes, le doute, qu'il soit philosophique ou scientifique, fait figure de garde-fou(s ?).

La science prend souvent l’intuition à revers, s'oppose presque toujours au bon sens et n’a que faire de la dictature de l'actualité. Bachelard expliquait que faire de la science, c’était "penser contre son cerveau". C'est à dire pratiquer la distance, accepter l'exposition à la critique et à la confrontation, pulvériser les préjugés et contrecarrer les évidences spontanées.

Ni absolues, ni définitives, les "vérités scientifiques" ne relèvent ni d'un sondage, ni d’un vote. Elles s'inscrivent dans le doute et la rationalité.

 

Mais le doute est créatif : penser que rien n’est certain n’est pas la même chose que de penser que rien n’est vrai !

 

Décembre 2021

Météo et Climat

Il y a souvent confusion entre les phénomènes météorologiques et ceux liés au climat. Météo et climat se distinguent à la fois par une composante temporelle et une dimension spatiale. Un événement météorologique se produit sur le pas de nos portes, dans l'heure, la journée, ou la semaine pour les plus grosses perturbations. On parlera de climat si on considère une série d'événements météorologiques sur une longue période, d'au moins 30 ans.

Les sciences de l’atmosphère construisent et utilisent des instruments de mesure (capteurs, transmission et traitement des signaux) et de modélisation (prévision du temps, variation du climat).

 

L’étude et la reconstitution des climats du passé — voire d’un très lointain passé — aide à comprendre le présent et ses évolutions. Cette histoire permet aussi d’éclairer l’avenir et de le modéliser de la façon la plus réaliste possible. Notre époque est marquée par le changement climatique, avec des causes et des conséquences qui alimentent intensément le débat sociétal. Il est alors fondamental de bien distinguer les risques météorologiques des risques climatiques, et de rechercher des solutions durables.

Enfin, quels sont les impacts de la météo et du climat sur les espèces vivantes, qu’elles puissent fuir devant les intempéries ou les feux, comme les animaux, ou qu’elles vivent fixées au sol, comme les plantes, contraintes de s’adapter ? Ces évolutions rapides, météorologiques ou climatiques, sont effectivement au cœur des préoccupations actuelles. La question centrale de leur adaptation (ou de leur non-adaptation fatale) est soulevée par toutes les disciplines scientifiques.

 

 

Avec des physiciens, des météorologistes, des biologistes, des historiens du climat…

 

Mardi 2 NOVEMBRE 2021

 

Pense-t-on avec son corps ?

 

Penser avec tout son corps, c'est prendre en compte ses pensées, mais aussi ses émotions, ses sensations. Cela revient parfois à contrer un mental envahissant et source de stress en réconciliant la dualité corps/esprit. Et ça, ça peut tout changer !

 

 

 

Mardi 5 OCTOBRE 2021

 

 Voyage des saveurs: 

 

Gastronomie et science

 

 

La science explique parfaitement le voyage des saveurs jusqu’au cerveau. Pourtant ce n’est pas qu’une histoire de papilles ou de neurones. La saveur d’un aliment provient d’une alchimie subtile entre le goût et l’odorat. Mais la vue, le toucher et même l’ouïe permettent aussi la réception d’informations essentielles à la construction de notre attrait ou… de notre dégoût pour un aliment ou pour un autre.

 

Nous avons tous nos saveurs préférées, nos attirances et nos répulsions. Notre goût est unique et singulier. Il provient de multiples facteurs liés à l’éducation, aux pratiques culturelles, à notre environnement émotionnel et social et aussi de facteurs génétiques complexes. Il peut changer avec l’âge, la maladie, les expériences sensorielles de la vie…

Pourquoi j’adore les concombres et pas toi ? Pourquoi tu es addict au chocolat, pas à la salade ? Pourquoi je détestais les huîtres dans mon enfance alors que j’en raffole maintenant ?

Un Bar des Sciences inédit pour découvrir le voyage des sensations gustatives dans notre corps, la neuro-gastronomie, comprendre la description physico-chimique des aliments, mesurer l’influence des savoir-faire techniques en cuisine ou l’évolution des modes.

Venez expérimenter trois ateliers pratiques « Science et cuisine » : sphérification, émulsion et gélification. Vous goûterez et participerez aux préparations pour identifier les cinq saveurs fondamentales et d'autres plus complexes. Vous repartirez avec des recettes originales pour "cuisiner moléculaire" chez vous.

 

Avec des biologistes, des chimistes, des cuisiniers, des philosophes, des psychologues....

 

 

 

Mardi 27 avril 2021 

 

 

Vivre à distance

L'association « Au Bar des Sciences » vous convie à ce débat "à distance" en présence de Jean-Etienne Bazin, médecin, Gérard Guièze, professeur de philosophie, Catherine Lenne, botaniste, Philippe Rosnet, physicien et Isabelle Veissier, directrice de recherche INRAE, spécialiste des herbivores. 

 

La distance, cet intervalle qui sépare deux points dans l'espace — ou le temps — signe notre nouveau mode de vie. Vivre ensemble, mais à distance, comme autre façon d'appréhender les relations humaines ? Avec quelles conséquences ? La proximité est-elle nécessaire à la vie ? Qu'en est-il de cette distance pour les végétaux ? Les animaux ? L'univers ?

Regarder la distance bien en face, nous renvoie à cet inexorable essor du virtuel dans nos vies. Facilitateur du quotidien, le virtuel montre aussi ses limites là où l’action impose un lien direct. Il y a des mises en lien qui rassurent, encouragent ou réconfortent par leur seule présence ! Mettre à distance réduit le corps à être sans ... incorporation . Comme si, aujourd’hui, pour rester en vie, il nous faudrait exister moins …

En médecine, on évoque la « juste distance du soin », cette distance qui respecte l’intimité de la personne soignée mais assure une promiscuité suffisante pour la ressentir, et la percevoir dans la globalité de son humanité. Ce ressenti nécessite du soignant une sensibilité, et du soigné un consentement. Cette distance protège aussi le soignant, qui ne doit pas se laisser submerger par la souffrance du soigné. Pour autant, peut-on bien soigner à distance ? S'il est possible d’opérer à des milliers de kilomètres, de diagnostiquer une maladie, d'adresser une ordonnance (et la crise sanitaire a largement développé la télémédecine), peut on résumer le soin à des actes ?

Et les plantes ? Fixées au sol, enracinées, leur distanciation est intrinsèque. Comment, dans cet immobilisme, font-elles pour se rencontrer et se reproduire ? Pour croître et trouver leur place dans les frondaisons, sans gêner les voisines ? Se voient-elles ? Se parlent-elles ? Et même, se touchent-elles ? La distance physique est une règle dans le monde végétal aérien et pourtant, elle n’empêche en aucune façon leurs interactions. Par quel truchement ? Qu'ont-elles à nous apprendre ?

 

À l'heure où nous pensons surtout à dépasser et abolir les distances physiques et sociales, que peuvent aussi nous apporter les sciences ? 

 

 

Mardi  6 octobre 2020 

Quelles Sciences pour nourrir le monde?

La population mondiale — aujourd’hui 7 milliards d'individus — devrait atteindre 9 milliards en 2050. Les changements climatiques, la raréfaction des énergies et l'explosion démographique vont rendre vitales les innovations alimentaires. 

Chercheurs et startupers explorent déjà des pistes — parfois encore insolites — pour remplir nos assiettes demain. 

 

 

Mardi 4 FÉVRIER 2020 

Nos Peurs

 

 

 Terrorismes et guerres, fondamentalismes et ultranationalismes, migrations et chocs de civilisations, épidémies et violences, catastrophes naturelles et climatiques... De nouveaux spectres hantent nos sociétés. Pourquoi prospèrent autant de peurs ? Avons-nous de vraies raisons d'avoir peur ? Affects et croyances, rumeurs et émotions sont-ils en train de terrasser la rationalité jusqu'à générer aussi la peur des avancées scientifiques ?  

Émotion par essence individuelle, la peur s'avère paradoxalement mobilisatrice.

Certes, elle nous alerte sur d'éventuels dangers ou menaces, réels ou imaginaires, mais renvoie inévitablement à des problématiques de sécurité. Qu'elle soit éprouvée ou instrumentalisée, la peur revêt un sens éminemment politique.

Ainsi, tous les acteurs sociaux utilisent la peur sous des formes diverses : peur du fascisme, ou à l'inverse du désordre, peur de perdre le pouvoir, peur de la perte des acquis sociaux par les syndicats ou des profits par le patronat, peur de la chute de la compétitivité par les entreprises, sans oublier peur des innovations scientifiques et technologiques ou peur de l'obscurantisme...

La peur unit les hommes autour de ce qu'ils ne veulent pas subir. En ce sens elle montre l'insuffisance de l'individualisme. Ainsi, l'inquiétude qu'elle crée, nous réveille de la tentation de la passivité ou du confort de l'indifférence. Même si elle a remplacé l'espoir dans les mentalités contemporaines, la peur serait-elle nécessaire ? Un moteur récurrent dans l'histoire de l'humanité ?  

 

 

 Mardi 10 MARS 2020

Changements, Ruptures et Transgressions

 

 Nous vivons une époque formidable ! Découvertes scientifiques, rejets des modèles, ruptures civilisationnelles, révolutions des mentalités... Au-delà de la subjectivité des opinions sur ces changements, ce débat nous invite à réhabiliter... la transgression.

De nombreux penseurs rappellent que la transgression fut toujours source de réussite et de créativité, de vie et d'évolution. « Loin de n’être que cette infraction éminemment coupable, la transgression est un acte fondamental et fondateur»1. « Transgresser, c’est faire progresser la liberté et refuser d’admettre que quelque chose est impossible »2.

Qu'il s'agisse d'Einstein dont les théories de la relativité ont métamorphosé nos conceptions de l'espace et du temps. Et que dire des philosophes des Lumières : leur liberté de pensée a bouleversé le monde et instauré l'universalité des Droits humains.

Certes, « les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux »3, mais ce sont les transgressions — et non les conformismes — qui permettent les avancées. « L’intelligence inventive se mesure selon la distance au savoir »4.

En opposition aux règles et aux normes, qui nous enferment dans d'invisibles frontières, transgresser c'est stimuler les différences. En politique, en art, en science, en littérature, en philosophie ... nous sommes considérés si nous répondons à certains canons, à certains critères, à des modes, des interdictions, des normes sociales. Y déroger, revient parfois à rompre avec des proches, moins enclins à prendre le risque de la différenciation sociale.

Transgresser, c'est prendre un chemin, plus chaotique. Le chaos, à l'origine de toute renaissance ?

(1) Serge Leclaire, (2) Jacques Attali, (3) Georges Brassens, (4) Michel Serres 

 

 

 

 

Mardi 14 AVRIL 2020 

Quelles Sciences pour nourrir le monde?

 

La population mondiale — aujourd’hui 7 milliards d'individus — devrait atteindre 9 milliards en 2050. Les changements climatiques, la raréfaction des énergies et l'explosion démographique vont rendre vitales les innovations alimentaires.

Chercheurs et startupers explorent déjà des pistes — parfois encore insolites — pour remplir nos assiettes demain.

La plupart des recherches nutritionnelles visent à optimiser les ressources naturelles déjà disponibles. Ainsi l'aquaculture durable ou des céréales moins exigeantes en eau. Déjà, des fermes-usines japonaises produisent des salades sans terre ni soleil !

D'autres nous préparent à accepter des aliments jusque-là écartés de nos assiettes occidentales pour raisons culturelles, comme les insectes ou les algues. La sauterelle exigeant douze fois moins de nourriture que le bœuf pour donner autant de protéines !

D'autres enfin, imaginent des façons inédites de produire : l'impression 3D de nourriture synthétique ou la fabrication de « viandes » artificielles.

Sans oublier les aliments venus de l'espace et cultivés dans des espaces écologiques clos.

Marginales, l'imprimante à pizzas, la salade issue de la station spatiale ou la farine de criquets ? Elles sont déjà conçues et pourraient se révéler d'inévitables substituts.

Restent de nombreuses questions en suspens : quelles agricultures ? Quid de la santé et de l'adaptation des organismes humains ? Puis... loin d'être secondaire : et le plaisir dans tout ça ?  

 

 

 

 

 

La science et l’argent 

 Mardi 7 janvier 2020 

Quels sont les enjeux de nos savoirs et de nos pouvoirs quand ils se trouvent confrontés aux idéaux de la connaissance ? Les sciences entretiennent de tous temps un rapport ambigu avec l’économique et le politique. Science, technique, politique, finance, production industrielle et numérique s’imbriquent selon des processus évolutifs, mais surtout révélateurs. Forcément révélateurs de l’état de la démocratie !

Dès lors que la science transforme le monde matériel et social, la logique de l’argent et du pouvoir surgit inévitablement au carrefour des choix politiques. Des conflits de légitimité s’avèrent dans l’ordre des choses. Au-delà de la source de la connaissance, la science est devenue, plus que jamais, l’élément central de l’innovation et… le nerf de la vitalité économique. Qu’il s’agisse de recherche médicale, physique, biotechnologique, psychologique, numérique… toutes les technologies émergentes accélèrent et alimentent cette dynamique.

Cette recomposition des sciences touche ses objets, ses pratiques, ses normes et sa philosophie. Elle conduit à des mutations sociales.

La poussée néo-libérale entraînera-t-elle une privatisation des sciences ? Une montée croissante de l’individualisme ? Quid des questions éthiques dans ce rapport de force entre enjeux du savoir et intérêts économiques ? Et l’humain dans tout ça : les oubliés de la connaissance et de la prospérité ?

Entre idéal de sagesse et aspiration au productivisme, quelle réelle autonomie pour les chercheurs ? Quelle indépendance pour les experts ?

Les sciences sont-elles assez reconnues par le citoyen pour leur capacité à changer la vie ? Comment peut-il agir pour contribuer à définir des politiques de recherche souhaitables ?

 

 

Edition spéciale Anniversaire !

 

 

Qu’avons-nous fait de nos 20 ans ?

 

 Mardi 3 décembre 2019 

 À l'occasion de son 20e anniversaire, ce n'est pas à un exercice narcissique de retour sur soi qu'invite le Bar des Sciences, mais à scruter ensemble, à partir de points de vue et d'expériences partagés, la trajectoire de notre humanité.

À 20 ans, les scientifiques qui font vivre le Bar des Sciences ne se doutaient probablement pas des évolutions qu'allait connaître la discipline dans laquelle ils s'engageaient : histoire, physique, chimie, médecine, sciences pour l’ingénieur, psychologie sociale et cognitive, robotique, biologie, philosophie, économie, droit…

Les ont-elles surpris, déçus, enthousiasmés ? Comment les jugent-ils aujourd'hui, avec le parcours, l'expérience, la sensibilité qui sont les leurs ? À 20 ans, ils ont choisi une voie avec passion ou hésitation, en fonction de leurs aspirations, mais aussi des besoins d'une société et de ce qui, alors, la préoccupait — ou pas assez. Ce choix serait-il le même aujourd'hui ?

Avec l’équipe de scientifiques, médecins, philosophes, historiens… qui fait vivre les Bars des Sciences depuis 1999.

 

 

Mardi 5 novembre 2019

 

 

Sommes-nous seuls dans l'univers

 

50 ans après les 1ers pas sur la lune, la fascination des hommes pour la vie extraterrestre reste intense. Depuis des millénaires, ils s’interrogent sur les planètes habitables hors du système solaire, sur l'univers infini. Vaste sujet que "l'extraterrestre" ! Il passionne toujours hommes et scientifiques, mais n'a — encore — manifesté aucun signe...

Subjuguée par la voûte céleste depuis la nuit des temps, l’humanité ne s’est pas contentée d’imaginer des petits hommes verts, des animaux fantasmagoriques ou des constellations fabuleuses, elle a aussi conçu des dieux et des entités conscientes, chassé les Aliens et traqué les ovnis derrière la face cachée du soleil ou de la lune.

Plus que jamais, les avancées de la connaissance en cosmologie et astrophysique stimulent notre soif de savoir : la Terre est-elle la seule planète à abriter la vie ou la conscience ?

Dinosaures ou bactéries, séquoias ou moisissures, civilisations élaborées ou intelligences extraterrestres ? De multiples scientifiques étudient et recherchent signes et preuves de l’émergence et des conditions de la vie sur Terre comme dans l'Univers.

Des centaines d’exoplanètes ont été découvertes. Des sciences nouvelles comme l’exobiologie sont apparues, scrutant la possibilité de traces de vie. Sans oublier la diffusion de messages avant leur éventuelle captation par ondes radio interposées…

Cette quête mêle le scientifique, le philosophique, le religieux, la science-fiction et la poésie. Elle se résume en une question unique : sommes-nous vraiment et définitivement seuls ?

 

 

Avec des physiciens, des astrophysiciens, des biologistes, des philosophes, des historiens...

Mardi 8 octobre 2019

 

Les sons de la vie, la vie des sons

 

 Selon Victor Hugo : ʺla musique est dans tout, un hymne sort du mondeʺ. Pourtant, entre sons de la nature et tintamarres de la ville, mélodies et cacophonies, se glisse toute notre subjectivité.

Certains ne supportent pas le chant du coq ou les cloches de l’église ; d’autres exècrent l’ambiance des cantines ou le refrain du marteau-piqueur. Certains s’extasient à l’écoute de la musique ʺmétalʺ ou du moteur de leur deux-roues, savourent le bruit du vent dans les arbres ou sont transportés par le ramage des oiseaux. D’autres encore, sont subjugués par la voix de la Callas, ou même, entrent en transe au bip d’un portable.

L’esthétique du son appartient à chacun. La musique est une science poétique, certes, mais une symphonie et un couplet de rap peuvent être bruit pour les uns, harmonie pour les autres. Tout est question de perception ou presque. Il en va de même pour les sons artificiels et les sons de la nature, les timbres de voix, les atmosphères…

D’innombrables questions émailleront ce débat :

le silence existe-t-il ? Comment se propage le son ?

quelles sont les limites de notre audition ? Ont-elle évolué ?

la voix ? Qu’en disent un professeur de chant ou un orthophoniste ?

qu’est-ce que l’acoustique environnementale pour les architectes ?

que dire de la profusion des sons et autres bips de téléphones, machines, robots ?

Nous percevons les sons de la vie avant même de venir au monde. Notre oreille et notre cerveau nous permettent d’entendre bien des choses… De là à les écouter… C’est une autre histoire…

Avec la participation de physiciens, ingénieurs du son, médecins, orthophonistes, architectes, philosophes…

 

 Mardi 2 avril 2019

De l'humanité à l'animalité

La relation homme-animal est devenue une question sociétale. À en croire la conscience collective, le débat humanité/animalité serait le fruit d’une réflexion — voire d’une prise de conscience — récente, alors même que les hommes interagissent depuis des millénaires avec les animaux. Une interaction qui a toujours pris des formes multiples : de la fascination à l’exploitation en passant par la protection, l’affection voire la thérapie.

Cet intérêt est un extraordinaire révélateur de nos mentalités occidentales avec cette tendance à projeter sur l’animal des attributs humains. Tendance renforcée par des discours anthropomorphes formatés faisant appel à notre sensibilité et notre culpabilité.

Le débat oppose deux visions :

- une conception qui nie "un quelconque propre de l’homme" — tous des animaux !— et voudrait qu’il ne soit qu’un être de la nature parmi d’autres. Cette opinion fait de l’origine un fondement et renvoie l’humanité à une définition biologique, conduisant à octroyer les mêmes droits à tous les êtres vivants, sans que l’espèce dominante ne s’attribue de "privilège".

De l’autre, cette idée humaniste que l’homme ne se réduit pas à l’état de nature, qu’il se définit avant tout par la culture, la conscience d’être. C’est par la pensée qu’il est sorti de l’animalité, qu’il a construit des civilisations, imaginé arts et sciences, imposé des droits et des lois pour protéger les plus faibles et combattre la "loi de la jungle".

La question du statut de l’animalité ne réédite-t-elle pas encore et encore celle de la confusion entre science et morale, faits et opinions, analyse et émotion ?

 

Avec des chercheurs, des philosophes, des éleveurs, des éthologistes…..

 

Mardi 5 mars 2019 

Big data, big danger

Big data : système qui permet d’accéder en temps réel à des mégadonnées ou comment stocker et traiter une quantité incommensurable d’informations numériques.

Informaticiens, gestionnaires, médecins, chefs d’entreprises, décideurs politiques, chercheurs, citoyens… se retrouvent face à des ordres de grandeur sans précédent concernant la capture, la recherche, le partage, le stockage, l’analyse et la présentation de données personnelles, professionnelles ou publiques.

Cette véritable révolution apporte des bénéfices mais peut également générer des inconvénients liés à la gestion d’une masse énorme d’informations, à leur fiabilité, à leur vélocité dans les réseaux sociaux, à leur diversité ou à leur valeur.

Le Big Data affecte tous les domaines de l’activité humaine — et notamment la santé — avec de multiples enjeux de pouvoir, de compétitivité économique, de confidentialité, de spéculation, de contrôle social, de protection des libertés, de démocratie tout simplement !

La prise de décision se verra-t-elle déléguée à des algorithmes ? "L’intelligence" de la technologie substituée à la responsabilité humaine ? Quels enjeux éthiques et moraux ? Quels sont les acteurs et les outils du Big Data ? A quels changements notre société doit-elle se préparer ?

Ouvrant d’immenses perspectives dans tous les domaines de la recherche et même de la vie quotidienne, le Big Data pourrait changer la façon dont on appréhende le monde… et donc transformer le monde.

 

 

Avec des informaticiens, des juristes, des physiciens…

 

Mardi 5  février 2019 

Art et Science

Tantôt parallèles, distincts ou entrecroisés, les chemins de l’art et de la science ont aussi été souvent les mêmes. Que serait la musique sans la modélisation mathématique des notes et la technicité des instruments ? Les sciences sans l'imaginaire et la créativité ?

 

Le mot "art" trouve son origine dans la manière de nommer une production d'objets. À la Renaissance, l'artiste possède des connaissances scientifiques et techniques. Au XIXe, l'art représente certes le réel, mais tend vers l'abstraction : impressionnisme, dadaïsme... Il devient subjectif :"C'est le regardeur qui fait le tableau"*. L’art a pour finalité la beauté ou l’authenticité. En ce sens, une œuvre d’art se rapporte à quelque vérité, subjective, mais partageable. Les artistes nous révèlent l’homme et le monde, nos vies et nos passions…

Les sciences additionnent savoirs et techniques accumulés au cours des siècles. Ce qui imprime à la démarche scientifique sa connotation pragmatique  — observer, mesurer, modéliser, vérifier — sans exclure l’esthétique (design, architecture...). Reliées à démonstration ou vérification, elles relèvent de la pensée rationnelle. Jamais définitive, la science se corrige sans cesse : le progrès fait partie de son esprit, ce qui n’a pas de sens dans la création artistique : Mozart n’est pas meilleur que Bach.

Comment, dans nos esprits, concilier deux pratiques qui se différencient par leurs finalités et leurs démarches ? Peut-être en disant que tout ce qui est scientifique se rapporte à une vérité, mais tout ce qui est vrai n’est pas scientifique... 

 *Marcel Duchamp

Avec des architectes, des historiens, des musiciens, des philosophes, des physiciens…

 

 

Mardi 8 janvier 2019 

La fatigue

 

 Dictature de l’urgence, rétrécissement des espaces, culte de l’argent, valeurs partagées qui se délitent avec les individualismes, crise de la responsabilité, perte de confiance et montée de l’indifférence… la fatigue prend sa source dans des champs tellement pluriels qu’elle est devenue « le mal du siècle ».

L’association Au Bar des Sciences et la communauté scientifique organisent un débat consacré à ce thème

 

Perturbant nos frontières psychiques et physiques, elle interroge toutes les dimensions de notre existence. Et quoi de plus subjectif que la fatigue, qui use le corps et l’esprit ? De la mélancolie aristocratique du XVIIe au burn out en passant par la neurasthénie bourgeoise du XIXe puis l’épuisement physique des ouvriers de la révolution industrielle, la fatigue est aussi sociale.

 

Hors l’asthénie, désignant la fatigue d’une maladie organique identifiée, qu’on emploie lassitude, détachement, désillusion… les mots ont beau varier, le diagnostic demeure unanime : les individus — mais aussi la société — souffrent de désenchantement. Toujours, l’individuel et le collectif s’imbriquent de façon indissociable.

 

Ainsi, loin de se réduire à des symptômes physiques et individuels, on parle aussi de fatigue démocratique d’une société désabusée et en panne d’idéal. Les dynamiques du contrat républicain, celles de la cohésion et de la mobilisation sociale, de l’imagination et de l’engagement semblant anéanties par des égoïsmes, des communautarismes, voire des intégrismes. Le sociologue Pierre Rosanvallon évoque ainsi la lente dérive d’une démocratie “minée par le caractère inaudible de toutes les voix de faible ampleur”.*

*Pierre Rosanvallon : le Parlement des invisibles

 

Avec Khalid Djeriri, médecin du travail, Eric Fiat, philosophe, auteur de Ode à la fatigue Gérard Guièze, philosophe, Philippe Luccarini, chercheur en neurosciences, Pierre-Jean Marescaux, psychologue du travail

Animé par Clément Mathonnat, économiste, secrétaire général de l'association Au Bar des Sciences

 

 

En partenariat avec la Librairie des Volcans 

   

 

AGRICULTURE et SOCIETE

 

 Sa représentation et les relations avec le citoyen se sont transformées depuis la Seconde Guerre mondiale : le consommateur s’intéresse à la qualité des produits et à leur conception. L’agriculteur se montre de plus en plus soucieux de répondre à ses attentes tant nutritionnelles que sociétales. Et, le monde rural ne se résume plus à l’univers agricole…

Oublieux du temps — pas si lointain — des pénuries alimentaires, les medias nationaux négligent trop souvent le fait que ces femmes et ces hommes, à la tête de moins de 500 000 exploitations, assument la lourde charge de nourrir une population en hausse vertigineuse, tout en tentant de se dégager un revenu.

Les paysans des années 60 ont relevé le défi de la modernisation. L’agriculture française bat des records, produit, exporte, innove… Mais dans une économie mondialisée, libéralisée et de plus en plus concurrentielle, le modèle de l’exploitation familiale peine à maintenir sa compétitivité : endettement, saturation de la force de travail — avec 70 voire 80 h par semaine — rémunération insuffisante, taux de suicides préoccupants… malgré la dignité des hommes et une indéniable passion pour un métier qui s’avère d’abord un mode de vie.

L’interaction entre agriculture et société ouvre des voies d’innovation sur lesquelles se penche activement la recherche agronomique : au-delà des clôtures idéologiques, les champs des possibles s’avèrent presqu’infinis…

Avec des chercheurs de l’inra, des agriculteurs, des représentants de l’agro-alimentaire

Réflexions d'un participant:

« Agriculture et Société » La Baie des Singes soirée du 4 décembre 2018 Notes de FX de Montard

Devant un public assez nombreux (80 personnes ?), se tenait sur scène les personnes suivantes pour animer la table ronde « Agriculture et Société » : - Philippe Aymard, vice président de Limagrain (plantes potagères), agriculteur en grande culture céréalière, betterave à sucre et légumière - Jacques Chazalet président du Sommet de l’élevage, éleveur de moutons (agneaux label rouge) et volailles (pour fast food et restauration collective) - Etienne Josien, directeur adjoint de Vet Agro Sup Clermont - Philipe Jeanneaux, professeur d’économie à VetAgroSup, Dynamique des exploitations agricoles et de leurs performances. - Stéphane Ingrand chef du département INRA Physiologie animale et Systèmes d’Elevage - Bérangère Gouhier, animatrice du Laboratoire d’Innovation Territoriale Grandes Cultures de Limagne. L’animation du débat était assurée par Sabine Gasser, chargée de communication de l’INRA JB Coulon, président du Centre INRA Clermont-Lyon était venu écouter le débat sans intervenir de façon à laisser libre cours à la parole scientifique des chercheurs-enseignants.  Je ne vais pas reprendre tout le débat mais souligner seulement des points importants : Philippe Aymard est un agriculteur conventionnel de pointe qui a compris l’intérêt du non labour, pratique le semis direct sur lanière (strip cropping*) et la rotation soignée des cultures (maïs, blé, betteraves et cultures légumières) ; il utilise le glyphosate et laisse entendre qu’il va s’en passer un jour « mais laisser nous le temps de limiter l’usage des pesticides »… D’autres agriculteurs (3) avec lesquels je me suis entretenu ensuite m’ont confirmé combien leur systèmes étaient dépendants des pesticides et que leur abandon les faisait trembler. Dans son topo Ph Aymard a fait entendre que le Bio était un retour à un passé révolu ! Les agriculteurs avec lesquels j’ai bavardé autour d’un pot m’ont dit que le Bio c’était un flux insensé de Cuivre et de Zinc, toxique pour les sols et les eaux ; et que ce qu’on retrouvait le plus dans les stations d’épuration c’était les dérivés des produits cosmétiques. Je suis invité à visiter un agriculteur de Limagne pour « voir comment il travaille effectivement et les soins au sol afférents (non labour et rotations, si j’ai bien compris) » ; donc à suivre. Jacques Chazalet, est patron du Sommet de l’élevage (94 000 visiteurs cette année). Les éleveurs présents m’ont glissé à l’oreille à la sortie qu’ils regrettaient vivement, « la journée réservée aux éleveurs » supprimée désormais (sans doute pour faire place maximale au commerce et exposition de prestigieux matériels et procédés et réaliser des économies de location de l’espace du sommet ?). Etienne Josien a été parfait pour présenter ses ambitions de directeur pour les étudiants : apprendre à identifier les enjeux, le faire à différents niveaux, développer l’aptitude à prendre position par rapport aux enjeux et à en changer raisonnablement. Il évoque les facteurs du changement : les signaux donnés par le bio venu des agriculteurs de cette mouvance ; la démarche associative et la signature des producteurs laitiers de montagne sur leurs produits… Bérangère Gouhier du LIT Grandes Cultures de Limagne est intervenue pour citer les efforts pour créer des échanges entre agriculteurs et habitants de Limagne. il s’agit d’inviter les acteurs du territoire à proposer des innovations, de les tester, pour vitaliser davantage le territoire de la Limagne rurale et lui donner un avenir plus sûr. Elle a cité aussi des inititives de rencontres entre habitants et agriculteurs (cf soigner les liens entre « Agriculture et Société). La plateforme collaborative du LIT est active sur les thèmes suivants : (i) Fonctionnement des sols ; (ii) recherche d’alternatives aux phytosanitaires ; (iii) mise en place de haies ; (iv) observatoire agricole et la biodiversité. Plus largement, cela s’inscrit dans le principe général de faire émerger des idées et expériences nouvelles en agriculture, transformation et commerce de proximité, propositions venant des acteurs de toutes compétences du territoire, de les accueillir sur la base de projets construits. Je n’ai pas eu l’impression qu’il y ait grande ouverture pour le bio ; c’est un euphémisme à entendre la position de Ph Aymard « une agriculture rêvée, d’un autre temps ». Toutefois, la porte pourrait s’ouvrir plus vite qu’on ne pense sous la pression des citoyens-consommateurs. FXDM est intervenu pour féliciter les interlocuteurs de la table ronde pour cette démarche du LIT, plateforme collaborative sur un territoire ; à ce propos, j’ai exprimé deux exigences d’innovation forte : sauver la biodiversité et atténuer le changement climatique et s’y adapter car les menaces sont immenses : on assiste à un véritable effondrement de la biodiversité et à une accélération des excès climatiques liés au réchauffement. Très peu de réactions : ça dérange trop les esprits, mais à mon avis cela fera son chemin. JPG est intervenu vigoureusement et très clairement pour souligner la nocivité des pesticides et la maltraitance des sols. Il lui a été répondu sur les pesticides qu’il fallait accepter un délai pour diminuer ou supprimer leur utilisation. Stéphane Ingrand a été un peu détourné de son principal objectif (qualité, bien-être de l’animal et de l’éleveur …) par des questions sur les farines de viande. Il a souligné une baisse de 40% de la consommation d’antibiotiques par rapport au pic observé il y a encore cinq ans. Il insiste sur l’importance de tirer parti des phénomènes naturels qui caractérise l’agro-écologie, thème d’une importante réunion le lendemain à Paris. Philippe Jeanneaux a ouvert un échange au sujet de la fin du modèle classique de l’exploitation familiale : une ferme de taille moyenne (50 à 150 ha) bien outillée gérable avec 1 à 2 unités-travail, voire 1 salarié. La situation est arrivée à un paroxysme de la quantité de travail à fournir pour un revenu de moins en moins satisfaisant avec la tendance long terme de baisse des prix agricoles et coût croissant des moyens de production : c’est intenable, et le résultat est un taux de succession médiocre (une installation pour 2 ou 3 départs à la retraite). J Chazalet et Ph Aymard ont cité aussitôt ces jeunes qui s’installent hors cadre familial. Mais Ph J a rétorqué que c’était peu important numériquement (force symbolique de ces arrivée oui mais peu de surface et peu de gens). Il souligne un nouveau facteur : le 2ème âge de la machine amène une révolution intellectuelle : En conséquence de la révolution numérique que devient la décision de l’agriculteur quand la prise de décision est déjà là grâce aux performances de l’intelligence artificielle? Aux USA, l’information est totale sur 17 millions d’ha d’agriculteurs qui échangent entre eux et avec les services qui les encadrent au plus près. Par exemple, chaque vache est connue dans toutes ses particularités ; l’agriculteur n’a plus à choisir : il est encadré et n’importe quel distributeur peut contrôler s’il est « conforme ». Joel Magne de l’AFDI est intervenu pour souligner la nécessité de coopération avec les petits producteurs du Burkina Faso d’où il rentrait depuis la veille à l’occasion du premier sommet de l’élevage à Ouagadougou. Pour modeste que soit leur production, elle nourrit des familles composées de plusieurs générations soit fréquemment 15 à 20 personnes, avec le complément des activités de petit commerce et artisanat. Par exmple, la concurrence de poudre de lait à bas prix a évidemment une incidence désastreuse en termes de pression de migration : nous devons réfléchir à nos objectifs qualité pour ici et ailleurs plutôt que des produits banaux d’exportation massive tout à fait délétère pour l’activité dans les pays en développement.

* Strip cropping is a method of farming which involves cultivating a field partitioned into long, narrow strips which are alternated in a crop rotation system. It is used when a slope is too steep or when there is no alternative method of preventing soil erosion. The most common crop choices for strip cropping are closely sown crops such as hay, wheat, or other forages which are alternated with strips of row crops, such as corn, soybeans, cotton, or sugar beets. [1] The forages serve primarily as cover crops. In certain systems, strips in particularly eroded areas are used to grow permanent protective vegetation; in most systems, however, all strips are alternated on an annual basis.[2]